Antiquités chinoises : laques et métaux précieux

La laque et l’or ont de multiples points communs : rares et chers, ils sont aussi très résistants dans le temps et sont depuis des millénaires utilisés pour protéger du mobilier funéraire ou d’apparat. 

Par ailleurs, la laque permettant de fixer le métal, et de la protéger de l’oxydation,  ils se combinent et s’assemblent à merveille.

De multiples techniques ont été développées pour magnifier cette alliance du végétal et du métal, toutes très laborieuses et utilisées seulement pour des œuvres de prestige, des armoires, grands meubles d’apparat, pour abriter des objets de valeur, et des paravents.

Meuble chinois. Exceptionnelle armoire laquée façon miaojin, conservée au Musée Guimet. Epoque Ming (1348-1644).

Le tour d’horizon de des méthodes chinoises est complexifié par deux facteurs :

  • Depuis l’époque moderne, et le développement des voyages maritimes en Asie, la volonté de préserver les secrets commerciaux justifient le mensonge et l’ignorance des provenances et techniques. 

Ainsi, en France, les laques chinoises seront dites de Coromandel, qui était un comptoir indien. De même, en Hollande et Angleterre, elles seront dites de Batam, qui est un comptoir sur l’île de Java.  

  • À partir du XIXème siècle (marqué par l’effondrement du pouvoir chinois et, dans le domaine artistique, du pillage des laques du palais d’été à Pékin), les Français, par remord sans doute, vont presque exclusivement s’intéresser aux laques japonaises. La mode va passer des chinoiseries au japonisant et le langage de la laque devenir japonais.

La création des laques luxueuses requiert prospérité et stabilité politique, ce dont la Chine sera privée à son entrée dans l’époque moderne, et donc la création de meubles laqués être cantonnée aux meubles d’usages courant.

Le style Kouang-Tsi Miaojin

Le Style Kouang-Tsi Miaojin, dit aussi de Canton, consiste en des dessins d’or, ou d’argent au pinceau sur une surface laquée noire. Pour réaliser ces scènes, représentant le plus souvent la vie de la maisonnée ou des décors floraux, la laque chargée de poussières d’or ou d’argent était additionnée de camphre.

Une variation, le buaqi, ou buachi consistait en une peinture d’or sur laque fraiche (wet inlay) ; ce qui donne une fluidité particulière au dessin qui fusionne dans la laque en cours de séchage.

Cependant les ans ont passé. Le temps a terni les ors, les couches de laque d’entretien ont bruni la surface. La version actuelle est plus abstraite, le meuble moins clinquant qu’à sa naissance.

Meuble chinois laqué noir et or. Armoire du Shaanxi technique Kouang-Tsi.

Meuble TV chinois du Shaanxi. Buffet bas en laque noire peinte de scènes villageoises.

Le style Kouang-Tsi Xipi

Dit aussi Kehui ou kuancai, Chinkinbori en japonais. Caractérisé par des motifs à la poudre d’or et d’argent sur laque gravée et évidée.

La laque est gravée et le laqueur dépose des particules métalliques en creux sur une passe de laque fraîche. Puis le meuble est poncé. Enfin, plusieurs couches de laquage translucide viennent recouvrir l’ensemble. 

Deux termes correspondent à cette dorure gravée en fonction du métal utilisé : quiangjin pour l’or et quiangyin pour l’argent.

Meuble chinois. Armoire de la Chine du nord, Shaanxi. Meuble chinois laqué noir avec projection de poudre d’or en creux. Rue de Siam.

Meuble chinois. Très belle armoire chinoise en laque végétale, conservée au Musée Guimet. Fin XVII début XVIIIème siècle.

Meuble chinois. Armoire chinoise laquée rouge à motifs floraux argentés façon Kuang-Tsi. Meuble Rue de Siam.

Meuble chinois laqué rouge, dont les décors argentés ont presque disparu. Meuble Rue de Siam.

Dans un dérivé, très prisé à l’exportation, des pierres ou nacres sont incrustées dans la laque et parfois ressortent en relief.

La désignation Coromandel est parfois associée exclusivement à cette technique.

Meuble chinois. Table chinoise ancienne conservée au Musée Guimet (règne de Jiajing 1552-1566). Laque rouge décor incisé et doré.

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